L’importance de l’enveloppe cutanée
L’aspect esthétique du nez – et donc le résultat d’une rhinoplastie – dépend essentiellement de deux facteurs : la forme que le chirurgien a donnée aux structures ostéo-cartilagineuses du nez au décours de l’intervention, et les caractéristiques de l’enveloppe cutanée (c’est-à-dire de la peau) qui recouvre ces structures ostéo-cartilagineuses.
Une peau très fine risquerait de laisser transparaître la moindre irrégularité, ce qui n’est pas idéal. Une peau très épaisse risquerait d’estomper les reliefs sous-jacents, délicatement sculptés par le chirurgien, ce qui n’est pas idéal non plus. L’idéal est d’avoir une peau d’épaisseur intermédiaire, ni trop fine, ni trop épaisse.
Mais quelle que soit l’épaisseur de l’enveloppe cutanée, tant qu’il persiste de l’œdème, c’est-à-dire tant que les tissus sont gonflés suite à l’intervention chirurgicale, le résultat définitif ne sera pas obtenu.
Ce qui nous amène à la question que tous les patients se posent : combien de temps après une rhinoplastie le nez dégonfle-t-il ?
La disparition rapide de l’œdème initial
L’œdème postopératoire n’est pas limité au nez, il intéresse également la région périorbitaire. Plus la chirurgie réalisée au niveau de la voûte osseuse, c’est-à-dire des os du nez, est importante, et plus cet œdème sera important. Il n’y aura par exemple quasiment pas de gonflement au niveau des yeux en cas de rhinoplastie limitée à la pointe du nez. Par rapport à la rhinoplastie traditionnelle, la rhinoplastie ultrasonique est très intéressante, car elle permet de limiter considérablement le traumatisme infligé aux tissus pendant l’intervention, et donc l’œdème postopératoire qui en résulte.
Bien sûr, certains patients marquent plus facilement que d’autres, il y a par exemple (en règle générale) plus d’œdème chez les patients qui ont la peau fine, ou plus de saignements (et donc d’ecchymoses) chez les patients qui ont la peau épaisse, ainsi que chez les hommes et les personnes âgées.
Cet œdème précoce, et notamment l’œdème périorbitaire, disparaît très vite. Il atteint classiquement son maximum au second jour postopératoire puis décroît rapidement, aidé par les mesures prises par le patient : application de compresses glacées sur les yeux le plus souvent possible, position demi-assise pour dormir, alimentation pauvre en sel et prise de corticoïdes et de Bromélaïne (action anti-œdémateuse).
À l’ablation de l’attelle, une semaine après l’intervention, il peut persister quelques ecchymoses, mais il n’y a dans la plupart des cas plus d’œdème périorbitaire. Deux semaines après l’intervention, le reste des ecchymoses a disparu (il est exceptionnel que des ecchymoses persistent jusqu’à 3 semaines après l’intervention, et encore plus exceptionnel d’observer une hémorragie sous-conjonctivale – rougeur au niveau du « blanc » de l’œil – qui peut mettre quelques semaines à se résorber entièrement).
La disparition beaucoup plus lente de l’œdème résiduel
Si l’œdème périorbitaire et les ecchymoses ont disparu au bout de deux semaines, permettant au patient de retrouver une vie sociale et professionnelle entièrement normale, il persiste encore de l’œdème au niveau du nez. Cet œdème va décroître progressivement, de haut en bas (suivant la gravité), rapidement au début, puis de plus en plus lentement, suivant un processus qui s’étale sur de nombreux mois (et parfois années).
En règle générale, l’œdème au niveau du tiers supérieur du nez (voûte osseuse) a essentiellement disparu au bout de 3 mois, l’œdème au niveau du tiers moyen du nez (voûte cartilagineuse) a essentiellement disparu au bout de 6 mois, et l’œdème au niveau du tiers inférieur du nez (pointe et narines) a essentiellement disparu au bout de 12 mois.
Il existe une importante variabilité inter-individuelle, par exemple en cas de peau fine il y a moins d’œdème et il disparaît plus rapidement, en cas de peau épaisse il y a plus d’œdème et il disparaît plus lentement. L’œdème peut parfois (et même souvent) augmenter avant de diminuer à nouveau, par exemple au décours d’un effort physique, d’un épisode de forte chaleur, pendant les règles, etc. Il peut varier suivant les jours, mais également suivant le moment de la journée. Il est recommandé d’appliquer des strips sur le nez la nuit (on parle de « taping ») et de continuer la prise de Bromélaïne pendant au moins 3 mois.
L’œdème, l’inflammation et la fibrose
On conseille ainsi au patient de s’armer de patience, mais il arrive parfois – heureusement rarement – que la patience ne soit pas suffisante. En effet, en particulier chez les patients qui ont une peau épaisse, l’œdème peut se prolonger, et cette inflammation locale conduit à la formation d’un tissu fibreux cicatriciel, qui lui est définitif.
Les techniques chirurgicales modernes permettent de réduire considérablement ce risque, en combinant un soutien très solide de la pointe (grâce aux techniques de rhinoplastie structurelle) et une fermeture systématique de ce que l’on appelle « l’espace mort » (réalisation d’un point de capiton au niveau de la supratip et mise en place d’attelles narinaires).
Parfois cela ne suffit pas, et il peut être nécessaire de réaliser une voire plusieurs injections de corticoïdes retard afin de stopper le processus inflammatoire et d’obtenir la disparition de l’œdème et le dégonflement des tissus. Cela doit être réalisé extrêmement prudemment en raison du risque d’affinement excessif (et irréversible) de la peau lié à l’injection des corticoïdes.
Enfin, une retouche chirurgicale est parfois nécessaire pour réséquer le tissu fibreux cicatriciel lorsqu’il s’est constitué. La récidive est alors rare, mais malheureusement pas impossible.
Le résultat d’une rhinoplastie évolue toute la vie
On considère qu’en cas de peau fine, le résultat quasiment définitif est obtenu au bout de 6 à 12 mois, et qu’il est obtenu au bout de 12 à 18 mois en cas de peau épaisse. Il est important de préciser « quasiment », car en réalité le résultat d’une rhinoplastie évolue, si ce n’est durant toute la vie, pendant au moins de nombreuses années.
C’est pour cela qu’il est indispensable de réaliser des techniques chirurgicales dont la pérennité est éprouvée, afin d’obtenir un résultat réellement durable, tant sur le plan esthétique que fonctionnel : c’est tout l’objectif de la rhinoplastie structurelle.